Le débat est d’actualité à Manosque où le contrat qui lie la Ville à la SAUR arrive à échéance le 31 décembre de cette année et pourrait être prolongé ou pas. Et c’est ce conditionnel et cette négation qui motivent un collectif dans la cité de Giono pour qui une autre voie est possible : la gestion en régie publique.
Invités au Lido, et auteurs de rapports et ouvrage sur la question, deux intervenant très pointus, Emmanuel Poilâne et Gabriel Amard ont développé les avantages du contrôle total de la ressource en eau par les collectivités à l’image de bien des villes qui ont fait le choix d’une gestion publique : Nice, Montpellier, Metz, Paris ou bien encore Digne dont il fut question évidemment et qui toutes ont repris la main sur ce dossier au détriment des trois grands groupes du secteur Véolia, Suez ou la SAUR.
En plus du délai concernant Manosque, la loi NOTRe prévoit de confier cette compétence aux intercommunalités au premier janvier 2020, ce qui promet quelques affrontements au sein des structures comprenant un voire deux opérateurs et des communes en gestion publique qui veulent conserver leur régie.
C’est par un reportage de l’émission « Complément d’enquête » qu’Emmanuel Poilâne, directeur de la Fondation Danielle Mitterrand a illustré son combat contre les coupures d’eau complètement illégales depuis l’arrêt du Conseil Constitutionnel du 29 mai 2015 confirmant la loi Brottes de 2013 ; ce qui n’empêche pas les abus des compagnies que la Fondation traîne en justice et elle a toujours gagné ses procès. Le citoyen est sans arme devant sa facture, souvent illisible et des services sourds aux situations des plus démunis.
Là est le combat de la Fondation pour protéger les citoyens et assurer leur alimentation normale en eau. « Trois jours sans eau et nous sommes morts » disait Danielle Mitterrand. Quelques exemples sur grand écran ont montré les désagréments pour des personnes en difficulté.
Ce n’est pas le cas des grands groupes. Depuis la fin de la guerre et contrairement à l’électricité qui fut nationalisée, ces derniers se sont partagé le gâteau des délégations et exploitations. Mais dans les années 90, une prise de conscience générale et des avancées technologiques font que l’on a commencé à économiser l’eau. Dommage pour les groupes qui ont basé leurs revenus sur le prix au m3. Qu’à cela ne tienne, on augmentera les tarifs, les abonnements et frais divers. Ainsi plus on consomme ou plus il y a de fuite et plus les groupes encaissent car c’est l’usager qui paye. Voilà pourquoi les villes de droite comme de gauche, reprennent la gestion eau et assainissement en régie municipale ; ce que souhaitent les personnes présentes au Lido mais où hélas, aucun élu manosquin ou communautaire n’était présent. D’autres communes (Forcalquier, Reillanne ou Champtercier par exemple) assistaient par contre et craignent le couperet de 2020.
Une réunion publique de plus grande envergure pourrait suivre cette soirée, et là, la présence des élus, à l’heure d’un choix crucial, sera nécessaire.
Je vous propose d’écouter Emmanuel Poilâne mais d’abord Gabriel Amard qui fut maire pendant plus de 20 ans d’une commune de 31 000 habitants en région parisienne, également conseiller général, régional et président d’une agglomération. Ancien élu du Parti de Gauche, il développe son point de vue pour la « Coordination eau bien commun France » et rassure les salariés de la SAUR en cas de non renouvellement du contrat actuel.